L’actualité est gesticulante. Elle se fait brûlante.

Elle est relayée à coup de tweets et autres posts que l’on se partage sur les réseaux. Puis elle est commentée, discutée, elle nourrit des polémiques sur les plateaux de télévision, à la radio et dans l’espace des commentaires sur les réseaux sociaux. Elle nous surcharge mentalement, nous provoque des questionnements, suscite des émotions et puis, soudainement, elle n’est plus ! Ou plutôt, elle est remplacée par une autre actualité encore plus brûlante, qui donne à son tour du travail aux journalistes, du grain à moudre pour les réseaux sociaux et obstrue encore et éternellement l’esprit des malheureux qui s’y exposent ! C’est ainsi, l’actualité n’en finit plus de nous submerger ! Elle nous bombarde d’informations qu’on ne sait plus ni comprendre ni analyser. Nous nous en faisons les réceptacles hagards et, bien qu’informés, on ne s’en retrouve pas moins incapables d’observer et de ressentir la vérité dans notre environnement. 

L’actualité ne nous laisse pas tranquille. 

Pourtant, dans un moment de silence qui nous laisse l’opportunité d’observer, de penser, de considérer l’essentiel, on peut comprendre, s’élever, prendre des décisions ! Mais l’actualité ne se tait jamais. Et on ne sait plus apprécier le silence. 

Quand j’étais petite, je rêvais d’être journaliste. J’avais les images des films hollywoodiens où les locaux de la rédaction d’un journal étaient souvent le début d’une fabuleuse enquête au nom de la justice et la vérité. Le patron refusait de croire l’intuition de l’héroïque journaliste mais il n’en faisait qu’à sa tête et partait mener l’enquête contre vents et marées. À la fin, il était auréolé de succès et respecté par tous les collègues du journal ! J’avais aussi l’image du fameux J’accuse de Zola et je m’imaginais des presses qui tournent à plein régime pour que soit distribué l’Aurore et sa part irréductible de justice. Et ces petits garçons qui tiennent à bout de bras un tas de journaux dont ils crient le nom pour attirer les lecteur ! Enfin, le journalisme m’a fait longtemps rêver. On le présente comme une activité au service du bien ! Désormais, hélas, je ne rêve plus. Le journalisme est un milieu dont la sociologie est complexe et passionnante. Un microcosme élitiste parisien occupe le devant de la scène composé d’autant d’éditorialistes présents sur tous les plateaux télé et autres journalistes-star pour leur faire face ; dans l’ombre, la profession est précarisée et soumise à des impératifs capitalistes qui n’ont rien à voir avec la recherche de la vérité ou de la justice mais plutôt avec la rentabilité et le service d’une idéologie dominante. Celle promue par le groupe propriétaire du média, peut-être ? 

En France, un groupe de dix milliardaires possède la presse et est ainsi immensément influent pour faire et défaire l’opinion. Selon l’expression consacrée : ils fabriquent le consentement. Ces champs du pouvoir au sens bourdieusien sont poreux, l’élite du journalisme a des intérêts convergents avec l’élite culturelle, politique et économique. Aussi, peut-on parler de liberté d’expression ? De libre circulation des informations ? Est-ce que les conditions nécessaires à la liberté de penser sont réunies dans la configuration actuelle des champs médiatiques, politiques et économiques ? Il est évident que non. 

Mais pire encore, l’actualité se fait violente, anxiogène et prédatrice de notre équilibre mental au niveau individuel. Au niveau collectif, elle nourrit la division et manipule l’opinion publique au gré des intérêts des élites.

Contre ce harcèlement et ce désordre médiatique, je voudrais vous suggérer une attitude salvatrice : rechercher la Vérité et non l’actualité. Une personne avertie et sereine sur le sens de l’existence humaine peut lire la presse, écouter les médias et sait faire une gestion saine des informations qui y circulent. Son opinion n’est pas manipulable, elle sait écouter pour comprendre les enjeux qui se jouent dans le pays à la seule façon dont l’information est traitée et mise en scène dans les médias. Elle sait faire preuve de qualités analytiques et demeure sereine malgré la violence médiatique. 

S’exposer au harcèlement médiatique sans avoir réalisé en soi une forme de cohérence mentale, disposer d’un socle de valeurs solide et d’un minimum de lucidité sur les enjeux contemporains est un exercice périlleux. On peut s’y perdre. Notre vision du monde est alors déterminée par l’idéologie dominante et nos opinions sont dictées par le bon vouloir des éditorialistes et autres intérêts conjoints. 

Il s’agit en premier lieu de se concentrer sur le sens de notre existence et de se connecter à الله. Cet impératif primordial sert ensuite à entamer une quête de savoir qui n’empruntera pas la direction de l’actualité et ne prêtera pas d’attention au fiel médiatique ! Au contraire, l’attention sera toute dirigée vers la connaissance du Créateur à partir de laquelle on peut connaître toutes choses : soi-même, les mondes, la diversité du réel, le sens de l’Histoire, les ruses de Chaytane… 

 

Pour aller plus loin en vidéo sur ces thèmes :

 

Pour aller plus loin avec des livres sur ces thèmes :

  • Sofiane Meziani, Petit manifeste contre la démocratie. Pour une redéfinition de l’homme et de la société, Les points sur les i, 2017
  • Erik Neveu, Sociologie du journalisme, La Découverte, 2004
  • Edward Herman, Noam Chomsky, Fabriquer un consentement. La gestion politique des médias de masse, Investig’action, 2018

 

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