Compilation de questions sur l’Algérie et la vie en Algérie 1/2

Introduction

Pour faire simple : une civilisation c’est la situation d’une société qui offre à chacun un espace pour s’épanouir, servir et adorer Allah en paix, en sécurité et en utilisant ses intelligences pour participer à l’amélioration de la vie sur Terre, pour tous et selon l’Ordre d’Allah Le Très Haut (l’Islâm).

Alors oui, en Algérie, on ne meurt pas de faim, on a de beaux paysages et on a l’art de la rigolade. Mais le peuple algérien est coincé dans un socialisme délétère qui sert les intérêts des grands privilégiés et cache très mal un régime militaire et ses clans mafieux rivaux qui vampirisent les richesses du pays avec l’appui des puissances occidentales. Le résultat, c’est qu’il ne reste que très peu d’espace pour l’épanouissement de chacun.

Ce que je veux pour le futur de mon pays c’est de I’ISLÂM. C’est la justice.

C’est une économie basée sur production de richesses qui profite à tous.

C’est de la sécurité dans nos biens et personnes.

C’est un modèle d’éducation innovant qui laisse s’exprimer nos talents et pas obsédé par le gain, le profit, l’argent, le prestige !

C’est la préservation et la valorisation des paysages.

C’est une identité fière et forte, débarrassée des complexes et de la mythologie.

Et actuellement, ce n’est pas ça du tout l’Algérie. Le modèle économique est un bricolage entre néo-colonialisme et socialisme de façade. Le niveau de chômage est désastreux. Le niveau de l’éducation
est faible. La corruption au sommet est désespérante et empêche les initiatives commerciales et culturelles ou l’expression des talents. Les jeunes sont désœuvrés, désespérés, ne trouvent pas leur place alors qu’il y a tout à faire ! Les cerveaux fuient un pays qui ne leur propose aucun horizon. La surveillance est telle qu’on peut à peine s’exprimer, la vie démocratique est à l’arrêt. Les journalistes sont en exil. Bref.

J’aime mon pays. Je veux croire à un futur plus juste et prospère. Nous le voulons pour toute l’humanité in chaa الله. Et ça passera par une révolution des mentalités et des prises de conscience urgentes. Donc les “J’aime l’Algérie, mashallah on entend l’adan, c’est trop bon la pizza à la mayo, en plus y’a la mer et la montagne” STOP !!

“Vas-tu créé un parti politique en Algérie ?”

Jamais lol ni en Algérie ni en France. Le système des partis politiques est vicié. Lire la Note sur la suppression générale des partis politiques de Simone Weil (pas Veil), très court mais très puissant ! Une grande femme.
Mon engagement politique c’est la circulation des idées et l’enseignement.

Vois-tu tout de même des points positifs en Algérie ?

Bien sûr ! Al Hamdouli Lah. Le pays est très riche et la population est jeune.Il y a toutes les ressources pour entamer un développement bienfaisant in cha Allah. Ce qu’il faut, c’est de l’éducation sur le monothéisme pur et montrer comment l’islâm peut guérir les maladies de notre société. Il faut aussi une rupture sérieuse avec le rêve de modernité occidentale !

“Tu penses quoi du système de sécu social dans les pays maghrébins, les soins santé sont un luxe la-bas et c’est pas facile pour beaucoup à cause de ça… D’ailleurs il y a t’il pas qqch à faire pour que ça évolue ?”

Je parle de l’Algérie parce que je connais un peu. Tous les services publics sont pitoyables. Hôpitaux, écoles, eau, démarches administratives, routes etc. C’est simple, en Algérie tout va bien jusqu’à qu’on ait affaire à l’Etat. Sur la question du système de Sécurité sociale, on a des mesures d’inspiration socialiste (tout est gratuit mais de piètre qualité ou difficile d’accès). Par exemple, les soins sont gratuits mais les hôpitaux manquent de moyens. Pareil pour la fac. Il y a un minimum chômage. Il y a des logements sociaux
(l’Etat donne littéralement des appartements). Il permet aux Algériens de survivre. On ne meurt pas de faim en Algérie. On a accès à l’instruction. On peut obtenir un appartement en patientant un peu. Mais c’est tout. On survit, on ne s’épanouit pas, on ne prospère pas. Sans mentionner les dégâts sur la mentalité algérienne qui découlent de ce socialisme pourri. Les gens sont devenus attentistes, passifs, désespérés. Les initiatives avortent, on attend que l’État fournisse et on se tait de peur du bâton. C’est la mentalité “Lah ghaleb kho”.

Et les épouvantailles qu’agitent le gouvernement dès que le peuple s’agite un peu sont bien connus : “Terrorisme, Séparatisme des Kabyles, Influence de l’étranger, Complot de l’étranger, Traîtres à la nation et à la mémoire des martyrs”. Par conséquent, c’est très difficile de bouger le petit doigt ici… Il faut avoir les reins très solides.

“Quels autre moyen autre que les réseaux sociaux et internet peux-tu employer pour transmettre tes idées ?”

Mes réseaux me servent à disséminer des graines et à discuter. Ça fait vivre les idées Al HamdouliLah. La transmission plus sérieuse a lieu dans d’autres contextes ! D’abord les séminaires et dernièrement les cercles de lecture suivis. Je prévois de prochains séminaires et autres événements in cha الله très bientôt !

“MashaAllah tu n’as pas peur de t’exprimer sur l’Algérie ? Moi du Maroc je flipperai de dire ce que je pense”

Je dis des choses que tout le monde sait. Je décris un régime, son fonctionnement, son histoire, ses défauts… Je ne voue de haine à personne. Je ne crois pas que le problème vienne des dirigeants. Ils sont à notre image… Le problème vient de notre lâcheté et de notre ignorance. Donc j’essaie d’être un peu courageuse et de mettre fin à l’ignorance crasse. Cela me motive dans la vie.

“Est ce que tu appellerai ton départ en une “hijra”?”

Seul le Très haut connaît nos intentions… Je ne fuis pas la France, ça c’est sûr. Je ne viens pas à Alger en espérant vivre mieux, ce ne serait pas le cas ! Je suis plus en sécurité et j’ai plus de confort et de facilité à Paris. Je veux avoir mon « expérience algérienne ». Je veux entreprendre ici, essayer des choses pour le développement du pays et vivre en cohérence avec mon islam. Qu’Allah accepte de nous. Toutefois, je reste connectée à la France et la communauté là-bas est prometteuse.

“Comment ça se passe niveau sécurité pour toi en tant que femme à Alger ?”

Une large part des jeunes hommes Algériens dans les villes (ceux qui sont dans les rues) manquent du civisme le plus élémentaire envers les femmes. Ils fixent du regard, font des gestes obscènes, disent des choses obscènes, peuvent nous suivre carrément, klaxonnent sur notre passage. C’est démoralisant et rabaissant. Hijab ou pas Hijab.

J’insiste largement sur la capacité du Hijab à contribuer à la pacification des rapports sociaux. En Algérie, j’ai tout faux ! Comme quoi, le Hijab ne fait pas tout. Il faut éduquer les gens au bon comportement, hommes et
femmes. Il faut apprendre à partager l’espace public dans les villes de style européen hérité de l’époque coloniale dans les pays musulmans. Alger est une ville insupportable par bien des aspects. L’une des raisons,
c’est que l’urbanisation de la ville a été pensée par et pour un mode de vie européen !!! La ville musulamne doit répondre à d’autres critères ! Et son développement doit favoriser un mode de vie inspiré de la Sunnah dans les rapports entre les gens, circulation des personnes, les espaces commerçants, la place des animaux etc. Chaos et anarchie sont les deux mots qui décrivent la situation actuelle.
Pour te répondre : je ne crains pas pour ma sécurité à proprement parler. Je ne me rends pas dans des endroits isolés, je ne me balade pas la nuit, je ne réponds pas aux provocations malsaines (j’essaie mais c’est dur…). Et je sais pouvoir compter sur une large part de la population qui est fière et digne en cas de pépin…
Qu’Allah nous en préserve.

” Pourquoi choisis-tu la vie à Alger si c’est si désespérant ?”

Et bien, cette ville m’inspire. Elle m’épuise moralement, elle est stressante. Mais quand je m’en imprègne, je peux m’en écarter un temps et réfléchir beaucoup. L’échec du monde musulman est visible à l’œil nu ici, les dégâts de la colonisation sont présents partout, l’incurie de nos systèmes est criante. Ça m’inspire ! Ça me fait dire qu’il y a tout à faire. Et j’ai envie d’essayer d’y prendre part, d’une façon ou d’une autre si Allah Le Très Haut le permet. Notre réalité est complexe et in chaa Allah on a besoin d’une sérieuse dose d’éducation et d’éveil sur cette question, en urgence !

“Salam, ce que tu aimes en Algérie et que tu ne trouves pas en France”

Ce que j’aime en Algérie, c’est que j’y suis chez moi. Je me sens connectée à l’histoire du pays, c’est MON histoire, c’est ce qui explique la trajectoire migratoire de mes parents et ma naissance en France. Je pense que ma présence ici fait sens. Il y a d’autres choses que je sais apprécier aussi : le climat, la bonne humeur, le tempérament fier du peuple…

Il y aussi beaucoup de choses que je sais apprécier en France ! Surtout depuis que je suis investie dans le dynamisme culturel de la communauté musulmane Al HamdouliLah. Donc je n’exclus pas de revenir
un jour si je suis trop ralentie dans mon développement en Algérie (bourreau-cratie, instabilité politique, qualités des écoles ou des hôpitaux si un jour j’y ai recours etc).

“As salam Aleykom comment se fait-il que les petites villes soient plus propres que les grandes villes MashaAllah pas un papier qui traîne par terre. En Tunisie c’est la même, à Tunis c’est une catastrophe et quand tu t’éloignes c’est plus propre. ”

C’est une excellente question. Les gens des petites villes aiment leur environment. Les gens des grandes villes, c’est comme s’ils ne se sentaient pas attachés à leur territoire !

J’ai lu un livre génial d’un psychiatre sur Alger, intitulé La violence sociale en Algérie. Comprendre son émergence et sa progression écrit par le Dr Mahmoud Boudarene. J’ai ainsi pu comprendre beaucoup de choses.

Message d’une soeur ⤵️

“Je n’avais jamais vu cet aspect là des choses, pour moi une ville c’était une ville et je ne m’étais jamais dit que les villes modernes pouvaient ne pas être en adéquation avec ce qu’on est, et je ne m’étais jamais dis non plus que la manière même de construire une ville pouvait influencer les habitudes des habitants ! C’est vrai qu’il y a un vrai travail, même si al hamdoulilah il y a beaucoup d’initiatives concernant la protection de l’environnement et beaucoup d’associations qui vont dans ce sens. Mais comme tu le dis, il faudrait en plus de ça repenser nos structures urbaines, apprendre la vie publique dans la ville… Or, j’ai l’impression que les initiatives qui sont faites pour la protection de l’environnement en Algérie sont des initiatives laïques (ou en tout cas en Kabylie) dans le sens où on va évoquer telles ou telles conventions internationales mais jamais évoquer le rôle de calife de l’homme sur terre, du fait que la terre est une amana pour lui et qu’il doit la protéger. Et j’ai l’impression que c’est comme ça pour tous les sujets, quand on parle de droits de l’homme on évoque des grandes conventions internationales, mais on va rarement voir ce qui est dit dans le Coran à ce sujet”

Complètement aligné avec ta pensée ma soeur ma chaa Allah. Ce dont tu parles c’est des cours de géographie que j’ai eu Soubhan Allah. Et c’est urgent que des Musulmans se saisissent de savoir en géographie humaine et en urbanisme. On attend notre génération de géographes et urbanistes musulmans.

“C’est quoi l’utilité des barrages policiers”

L’Algérie a connu presque deux décennies de guerre civile dans les années 1990. Ça a été terrible. Le pouvoir a annulé le résultat des élections présidentielles qui donnaient vainqueur le FIS (Front Islamique du Salut). La jeunesse a alors pris les armes. Les militaires ont infiltré les GIA (Groupes islamiques armés). Ça a été terrible. Ça a été plus de 150 000 morts et des “disparus” incalculables qu’ Allah leur fasse miséricorde. Pour lutter contre le terrorisme, des barrages ont été instaurés pour contrôler la circulation de la population.

Pour celles et ceux qui ne savent pas ce qu’est un barrage , il s’agit d’un dispositif policier ou militaire qui oblige les voitures à ralentir (on réduit les voies de circulation puis on doit slalomer entre des piques jusqu’à arrivée devant les autorités). Les policiers sont postés avec des armes, des détecteurs de métaux etc ils observent les automobilistes et parfois nous arrêtent pour un contrôle si ça leur chante (pas besoin d’avoir commis d’infraction, c’est vraiment comme ils veulent).

Les vestiges des années de guerre civile sont partout en Algérie. On les voit dans le paysage, dans les politiques autoritaires, dans les mentalités des Algériens. Le peuple est encore traumatisé et divisé sur la question de l’islam en politique. La dernière expérience ayant été sanglante, beaucoup de monde associe l’islam politique à la violence intégriste.

“Pense tu que l’Algerie est un bon pays pour effectuer la Hijra ?”

L’Algérie est un pays corrompu jusqu’à la moelle de l’intérieur et qui demeure gravement sous contrôle des Occidentaux, et de plus en plus de la Chine. Il y a peu de possibilités de développer des activités commerciales et professionnelles. L’administration rend la vie difficile. La police et l’armée sont surpuissantes. Les libertés publiques sont de plus en plus réduites (idem pour la presse et le débats d’idées). Le peuple manque du civisme le plus élémentaire – en grande majorité. Les infrastructures publiques sont médiocres (soins, éducation, transport etc). L’inflation est délirante. La vie devient trop chère.
Je veux sérieusement ouvrir les yeux à toutes les personnes de bonne volonté qui parlent de << faire hijra >> en Algérie. Que le Très Haut récompense nos intentions et nous accorde la sincérité dans Sa voie. L’Algérie est un pays très difficile et fermé. La vie ici demande d’être préparé et organisé, capable d’endurer des difficultés qui n’existent pas en France notamment. Oui, vous pourrez porter le Hijab et entendre l’adan. Mais sachez que la corruption commence dans les mosquées ici… Et les affaires religieuses relèvent d’un ministère puissant. L’islam n’est pas libre et est largement surveillé par l’État (qui n’est pas connu pour sa fidélité aux
fondements de l’islam…)

Je ne dis pas qu’il n’est pas possible ou souhaitable de s’installer en Algérie. Je dis qu’il faut être préparé et savoir ce que l’on fait. Et je dis aussi qu’à notre époque, le désordre est mondialisé et penser fuir et vivre mieux ailleurs est désuet. Le monde connaît à peu près les mêmes problèmes partout. Ce que l’on fuit aujourd’hui ici, on le retrouvera demain ailleurs. Il faut que l’on agisse à l’endroit OÙ NOUS SOMMES, MAINTENANT.

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